OKyexank a écrit :du coups j’avoue que j'ai pas tellement écouté, enfin d'une oreille... puis j'ai l'impression que rien d’intéressant a était dit, sauf "c'est compliqué"

Pour yexank (et ceux que ça intéresse), je vous ai rédigé un résumé de ce qu'il faut retenir sur la mission Planck et les derniers résultats présentés hier matin :
Contexte :
La théorie du Big Bang nous dit que l’Univers n’a pas toujours ressemblé à ce que nous pouvons voir aujourd’hui. Tel que les astronomes l’observent actuellement, notre univers est hautement structuré. Cela signifie qu’à toutes les échelles, de plus ou moins grandes concentrations de matières (planètes, étoiles, galaxies, amas de galaxies…) sont séparées par de gigantesques espaces vides.
Mais il n’en a pas toujours été ainsi.
Lorsque l’univers était bien plus jeune (lorsqu’il avait environ 400 000 ans), les conditions étaient très différentes : pas de structures, pas d’assemblage de matière, pas d’objets individuels. A cette époque, l’univers était rempli uniformément d’une « soupe » de matière très chaude (3 000°) et très homogène.
Et bien sûr, plus on remonte vers les origines de l’univers, plus cette matière est dense et chaude.
L’un des défis de la cosmologie moderne est de comprendre comment l’univers est passé de cet état très chaud et très homogène à son état actuel, au contraire, froid et très structuré. C’est dans ce contexte global que s’inscrivent les travaux de recherche liés au satellite Planck.
Une brève histoire de l’univers :
Juste après le Big Bang, notre univers était rempli d’une matière très dense et très chaude appelée « plasma ». A l’époque, la densité de matière était telle que la lumière ne pouvait se propager librement dans l’espace (songez à un brouillard tellement dense que vous ne pouvez rien voir de ce qui vous entoure). Mais l’univers était en expansion. Cela signifie qu’avec le temps, ce « brouillard » était de moins en moins dense et de moins en moins chaud. Il a fallu attendre 380 000 ans pour qu’il se « dilue » assez et que la lumière puisse enfin se propager dans l’univers.
C’est cette toute première lumière qui a été émise 380 000 ans après le Big Bang par cette soupe primitive chaude que Planck observe et cartographie.
Objectifs :
Cette lumière primordiale est appelée « Fond Diffus Cosmologique » (CMB en anglais, pour Cosmic Microwave Background). Mais depuis 13.8 milliards d’année, l’univers a continué son expansion, et cette lumière s’est encore « refroidie ». A notre époque, la lumière du fond diffus cosmologique n’est plus visible par notre œil. Elle se détecte maintenant dans le domaine des micro-ondes (les micro-ondes sont aussi un certain type de lumière, que notre œil ne peut pas voir, mais que Planck peut détecter).
Planck est le 3ème projet consistant à cartographier ce fond diffus cosmologique, après COBE (1989) et WMAP (2001). Cette mission, pilotée par l’ESA mais réalisée en collaboration avec la NASA, avait pour objectif, durant les 18 mois initialement prévus :
- d’étudier les légères variations d’intensité du fond diffus cosmologique sur la voûte céleste
- de tester différent modèles théoriques permettant de décrire de l’univers (notamment l’inflation)
- d’estimer les paramètres cosmologiques issus de ces modèles
- d’étudier le milieu interstellaire de notre Galaxie.
Planck a été lancé le 14 mai 2009 par la fusée Ariane et a été placé à 1.2 millions de kilomètres de la Terre pour observer le ciel. Pour cela, il a fallu refroidir les différents constituants du satellite jusqu’à 0.1° au dessus du zéro absolu, faisant de Planck l’objet le plus froid de l’univers.
Le 17 janvier 2012, l’ESA, le CNES, le CNRS et le CEA annoncent la fin de la mission après 30 mois de fonctionnement, soit près de 2 fois plus longtemps que prévu.
Voici quelques résultats présentés le 21 Mars dernier à la conférence de presse de l'ESA :
Résultats

•La carte de variation d’intensité du fond diffus cosmologiqe a été réalisée avec une résolution bien meilleure que la mission WMAP précédente (voir image ci-dessus). Ces variations d'intensité lumineuse (qui se présentent sous la forme de taches plus ou moins brillantes) sont précisément l'empreinte des germes des grandes structures actuelles du cosmos et désignent les endroits où la matière s'est par la suite assemblée, puis effondrée sur elle-même, avant de donner naissance aux étoiles, galaxies et amas de galaxies.
•Ces données confirment les modèles d’inflation, qui explique l’extraordinaire homogénéité de la soupe primitive dans tout l’univers (cette théorie prédit que pendant les 10^-35 premières secondes, l’univers s’est dilaté d’un facteur 10^26).
•La distribution de ces inhomogénéités sur la voûte céleste est conforme au modèle standard utilisé actuellement pour décrire l’univers (même si de légères différences entre la théorie et l’observation laissent supposer qu’il reste encore certaines choses mal comprises dans ce modèle)
•L’univers est « plat » (c’est-à-dire que la géométrie pour décrire sa forme - sa topologie, dit-on - est la géométrie euclidienne, celle que l’on apprend à l’école dès le primaire)
•L’univers est agé de 13.82 milliards d’années
•La constant de Hubble, qui définit, entre autre, le taux d’expansion de l’univers est revue à la baisse
( 67.15 km/s/Mpc, soit 10% de moins environ que la valeur précédente)
•La nouvelle évaluation, grâce à l’analyse du fond diffus cosmologique, du contenu de l’univers, aboutit aux valeurs suivantes :
4.8% de matière ordinaire (contre 4.3% auparavant)
25.8% de matière noire (contre 23%)
69.4% d’énergie sombre (contre 72.8%)
•Des données préliminaires de l’analyse de la polarisation du CMB montrent une remarquable cohérence avec d’autres mesures et sont de bon augure pour la suite du travail. En effet, cette analyse est beaucoup plus fine que les autres et ne sera terminée qu’en 2014. A terme, ce travail permettra peut-être de mettre en évidence l’existence d’ondes gravitationnelles qui ont sillonné la soupe primitive dans les phases très primordiales de l’univers.
Une carte haute résolution de ce fond diffus cosmologique est disponible à cette adresse :
http://www.lbl.gov/Publications/YOS/Jul ... ck-cmb.jpg
et ici aussi :
http://cdn.physorg.com/newman/gfx/news/ ... ck_cmb.jpg
Voilà.
J'espère que c'est plus clair, maintenant...