C'était en plein dans la troisième ère de l'exploration spatiale. Nous étions bien au delà du tâtonnement atmosphérique, nous avions déjà bien commencé à faire des missions vers d'autres astres.
Toutes les missions n'étaient fructueuses mais nous nous étions mis un point d'honneur à ramener tout le monde en vie. Un jour, gros contrat : six personnes, des haut-placés envoyés aux frais de leur société, pour quelques orbites autour de Kerbin. Tout se passe à merveille, nos appareils commencent à bien être rodés, une mission de plus malgré le nombre inusuel. Quelques tours dans le grand ballet spatial, les yeux s'écarquillent, six enfants dans un caisson d'acier. La réentrée se passe tranquillement.
Mais pour une raison qui nous échappe encore, ils sont restés. Ils ne sont pas repartis comme tous l'ont fait avant, ils déambulaient dans les locaux, infiltraient même les missions par moment, il nous est même arrivé d'avoir plus de touristes sans but dans notre complexe que d'astronautes disponibles. La société qui les avait envoyé ne répondait bien évidemment plus : plus aucune trace d'elle, mais il faut dire en y réfléchissant que il n"y a pas beaucoup d'entreprises sur Kerbin... Reste qu'il fallait s'en débarrasser, et vite. Ça tombait bien, car un contrat de Station Orbitale glissait sur le bureau de l'agence : au moins cinq places, une coupola, un labo, et tous les prérequis d'une station comme un docking port ou une antenne. Le contrat n'impliquant pas d'astronaute à bord de la station —c'était surtout une mission pour en mettre plein la vue aux autres pays— on n'en profite pour y glisser nos fidèles squatteurs.
Les mois passent. Les années en fait. Le métabolisme des Kerbal est tel que cela ne pose pas de problème pour le missions à long terme.
Arrive alors un autre contrat : "envoyez une station spatiale en orbite autour de Kerbin !". Encore ? Mais que faire de la première ? Il était peut-être temps de la descendre, en fin de compte. Quelques parachutes, et on la laissera plantée dans le désert, histoire que ces affreux ne nous re-trainent pas dans les pattes : l'équipe du KSC a fini par se réhabituer au calme du complexe.
Nous contactons la station. Tentons d'afficher les caméras.
Et là, effroi.
La vision d'horreur. Il n'étaient pas mort, ils étaient mêmes bien vivants : ils avaient néanmoins tous fusionnés en une masse organique informe, émettant une forte lumière illuminant tout l'habitacle. Il fallait faire quelque chose : malheureusement les commandes ne répondaient plus : la station semblait réagir, mais ça n'était qu'un faible tremblement tout juste bon à agiter, comme si une force retenait... la chose. Soudainement, nos ingénieurs et physiciens se blanchissent : la station s'est arrêtée nette, dans l'espace. Quelques secondes plus tard, une explosion. Et puis plus rien.
Nous n'avons jamais su ce qui c'était passé. On raconte dans les couloirs que la société n'existait pas, qu'il s'agissait de fantômes, ou un truc dans le genre, qui trainaient derrière eux malédictions et mauvais œil. Du haut du bureau du directeur, perché au dessus du complexe, je sirote mon Rhum, en me répétant que c'est impossible, tout en faisant face au non-sens de la situation. Les années passant, alors que les missions interplanétaires arrivant à destination ouvraient la Quatrième ère de l'exploration spatiale, s'en est devenu une légende.
Était-ce bien arrivé ?